Mesures Agri-Environnementales
© Matthieu Vaslin

Mesures Agri-Environnementales

Les Mesures Agri-Environnementales sont des contrats que les éleveurs passent avec l’État et l’Europe, dans le cadre de l’application du dispositif Natura 2000. Ils sont rémunérés à l’hectare s’ils s’engagent à suivre un cahier des charges favorable à la biodiversité. Les engagements sont gérés par les animateurs des sites Natura 2000 (les parcs naturels régionaux pour la Brière et le Marais poitevin, l’Association pour le Développement du Bassin Versant de la baie de Bourgneuf pour le Marais breton).

En Pays de la Loire, dans les zones de marais occupés par la Barge à queue noire, les cahiers des charges se déclinent globalement en 5 catégories :

  • le niveau 1, le moins exigeant, permettant d’amender les prairies en azote, de faucher dès le 25 mai ou dès le 1 juin selon les zones (à une époque où de nombreux poussins de barges ne sont pas encore volants) et d’avoir un chargement de pâturage moyen annuel de 1,4 UGB/ha ;
  • le niveau 2a, qui interdit l’emploi de produits phytosanitaires et d’amendements, avec un chargement de pâturage limité à 1,2 UGB/ha, la fauche étant autorisée à compter du 5 et du 10 juin selon les zones ;
  • le niveau 2b, qui reprend les clauses du niveau 2a, avec en plus une obligation, si la topographie le permet, de maintenir 10 % de la surface inondée au 1er avril. Ce type de contrat est plus intéressant pour les barges ;
  • le niveau 3 reprend les clauses du niveau 2, mais l’obligation d’inondation concerne 20 % de la surface au 1er mai.
  • une mesure « fossés » permet, en Marais breton, de financer les curages de fossés en les conditionnant à l’inondation de la prairie (les boues de curage sont utilisées pour faire des « batardeaux », sorte de bourrelets de terre permettant de conserver l’eau dans les zones basses des prairies).

Les études menées en 2015 en Marais breton, en 2016-2017 en Brière et en 2017 en Marais poitevin, sur la caractérisation des habitats occupés par les couples de Barge à queue noire ont montré que la présence de l’espèce était très corrélée à la surface de prairies inondées au printemps, donc dépendante des contractualisations en niveau 2b et surtout 3.

Seuls le niveau 3 des MAE et la mesure « fossés » sont en capacité de favoriser l’expansion de la population de Barge à queue noire dans les marais Atlantiques. Mais ce niveau représente actuellement une faible surface par rapport aux surfaces engagées dans le dispositif (entre 2 et 6 % en Marais breton et Marais poitevin, sources : ADBVBB et PNR Marais poitevin ; en Brière le niveau 3 n’existe pas, 30 % de la surface engagée concerne des espèces ou habitats cibles, une mesure « Barge à queue noire » est en en projet, source : PNR Brière) et une surface encore plus faible si l’on considère la totalité des prairies des 3 zones de marais. En effet, toutes les surfaces ne sont pas engagées.

© Benoit Perrotin

Les rémunérations des niveaux 1 et 2 sont plafonnées à 20 000 euros par exploitation. Ce plafond est déterminant pour encourager les éleveurs à contractualiser des mesures de niveau 3, qui leur permettent d’atteindre le deuxième plafond (30 000 euros). L’encouragement financier, lorsque les cahiers des charges et la gouvernance sont pertinents, peut être efficace. Mais il est aussi limité par sa durée de vie incertaine :  on peut s’attendre à ce que les pratiques favorables s’arrêtent avec l’arrêt des financements. 

Il est donc nécessaire d’accompagner ce dispositif par un projet systémique, intégrant un volet social, permettant d’engager des changements culturels à long terme, fondés sur des valeurs patrimoniales et l’augmentation de valeur ajoutée. C’est ce que la LPO Vendée expérimente avec le projet Paysans de nature®.

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